Moins d’un an après que le prix Goldman pour l’
environnement lui a été décerné, Berta Cáceres a été assassinée. Le 3 mars dernier, très tôt, ses agresseurs pénètrent chez elle et la criblent de balles. Deux semaines plus tard c’est son confrère
défenseur de l’
environnement, Nelson García, qui est tué lors d’une opération pour l’éviction d’une communauté Lenca. Le
meurtre de Cáceres, militante durant plus de deux décennies pour la défense des droits des 400 000 indiens Lenca, en
Honduras, et luttant depuis près d’une décennie contre un projet de complexe de barrage, souligne le risque d’assassinat contre les militants écologistes en Amérique Latine, mais aussi globalement. Une réalité souvent oubliée de par l’éloignement des victimes – médiatique et géographique.
Les populations
indigènes, dont les Lencas – groupe
indigène le plus important du
Honduras, forment souvent les dernières lignes de défense contre la destruction de l’
environnement par des firmes puissantes, dans des zones reculées et loin de l’attention du public. Candido Mezua, président élu du congrès général du Emberá-Wounaan au Panama, qui s’occupe aussi des affaires internationales pour l’Alliance Mésoaméricaine des peuples et forêts - représentant les communautés
indigènes d’Amérique Centrale, explique que les
indigènes sont perçus et comme des ennemis publics, comme un problème pour ceux qui cherchent à s’enrichir en volant les ressources protégées des territoires
indigènes. Aussi, en résistant, les communautés s’exposent à des menaces, des expulsions, des emprisonnements en tant que terroristes qui s’opposent au développement et à des
meurtres.
Les
activistes sont souvent dénigrés et leurs combats simplifiés en une lutte pour des compensations et restitutions financières. Or une étude plus approfondie des conflits passés montre que l’argent n’était l’élément moteur dans seulement 7% des cas. Les communautés
indigènes, au contraire, se battent pour la reconnaissance de leurs droits et pour la protection des écosystèmes qui ont une importance culturelle.
Selon l’ONG Global Witness, l’
Honduras est le pays le plus dangereux pour les
activistes écologiques : 109 personnes y furent tuées entre 2010 et 2015 pour avoir pris positions contre des mesures destructrices de l’
environnement. Des 8 victimes, dont les cas ont été signalés publiquement, 6 venaient de groupes
indigènes. Pour Global Witness, ces chiffres ne sont que la pointe de l’iceberg, la plupart des morts n’étant sûrement jamais signalées. Cependant la protection de ces
activistes est essentielle, non seulement d’un point de vue humain, mais aussi pour notre
environnement. Les études prouvent en effet que les terres habitées par des communautés
indigènes, avec une reconnaissance légale, sont mieux préservées et plus viables que les terres inhabitées.
Voici quelques données de Global Witness sur la situation des
défenseurs de l’
environnement.
• Mondialement, 116
défenseurs furent tués en 2014, la plupart au Brésil (29), suivit de la Colombie (25), les Philippines (15) et le
Honduras (12).
• 40% des victimes étaient membres de groupes
indigènes.
• En 2014, les
meurtres liés à des projets hydroélectriques ont bondi.
5 Réponses à "Quand les militants écologiques se font tuer"
Quand les militants écologiques se font tuer | Univers Nature – Actualité, environnement, habitat et santé | Boycott 10 avril 2016 (18 h 12 min)
[…] http://www.univers-nature.com/actualite/quand-les-militants-ecologiques-se-font-tuer-67798.html […]
Laurenzerl 13 avril 2016 (16 h 33 min)
c’est fou ce que Univers Nature est rapide à réagir après ce crime odieux d’une mère de quatre enfants
Michèle Mialane 13 avril 2016 (17 h 31 min)
Je ne sais pas si cela a déjà été dit, mais le Honduras est un régime putschiste, les USA ayant « remplacé » le président élu par un autre, à leur botte…. ce qu’on appelle « un coup d’État institutionnel. »
sylviane GAUVIN 21 avril 2016 (12 h 27 min)
pourquoi doit on avoir obligatoirement un compte facebook pour ecrir des commentaires?
Flotille 22 avril 2016 (12 h 13 min)
Attention à ce que le régime sécuritaire mis en place en France et prolongé ne permette pas aussi l’assassinat d’écologistes qui gênent les lobby